Des personnes qui tentent désespérément d'atteindre un autre
pays, fuyant les persécutions, les violations des droits humains, une
guerre civile, ou qui sont simplement à la recherche de meilleures
opportunités économiques pour faire vivre leur famille. Lampedusa est
une île italienne à 110 kilomètres de la Tunisie, où la migration
irrégulière et les migrations forcées sont une réalité. Ce
phénomène concerne des êtres humains qui ont un visage, qui sont à la
recherche d'un nouveau départ, et qui se tournent vers nous et
attendent une réponse de notre part.
Lampedusa n'est que l'un des nombreux carrefours sur la planète où
confluent des mondes divers. En effet, l'itinéraire vaste et complexe
des réfugiés s'étend à ceux qui se dirigent en bateau vers l'Australie,
le Yémen, l'Italie ou Malte; qui traversent en camion le désert du
Sahara du Nord; qui parcourent à pied le désert du Mexique vers les
Etats-Unis; qui franchissent les fleuves pour entrer en Afrique du Sud
par le Zimbabwe ou qui quittent l'Afghanistan à travers la Turquie, vers
la Grèce. Ces formes de flux migratoires sont un phénomène mondial.
La présence du Pape François à Lampedusa sera un signe puissant pour
rappeler l'attention de tous et certainement pour communiquer que la
bonne nouvelle de Jésus s'adresse à chaque vie et à chaque situation.
Précisément comme le Pape lui-même l'avait dit: « N’oubliez pas la chair
du Christ qui est dans la chair des réfugiés: leur chair est la chair
du Christ » (Discours aux participants à l'assemblée plénière du
Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en
déplacement, 24 mai 2013). Le Christ est présent sur l'île dans
ceux qui sont arrivés, mais également dans la population locale qui les
accueille. A Lampedusa, comme partout dans le monde, les défis sont
affrontés par la population locale, qui en est parfois submergée et qui
doit accueillir de grands nombres de nouveaux venus inattendus. « Au fil
des ans, innombrables sont les exemples d’altruisme et d’actions
héroïques de la part de membres des Eglises locales qui ont reçu des
personnes déracinées de force, parfois même aux prix de leurs vies et de
leurs propriétés. Offrir l’hospitalité signifie repenser et revoir sans
cesse les priorités » (Conseil pontifical pour la pastorale des
migrants et des personnes en déplacement, document Accueillir Jésus Christ dans les réfugiés et les personnes déracinées de force, orientations pastorales,
n. 84; année 2013). Ce phénomène rappelle également l'attention sur
ceux qui se prodiguent pour leur venir en aide. Le secours en mer est un
événement habituel. Souvent, ce sont les pécheurs et les marins qui les
premiers, mettent leur vie en péril et vont au secours de ceux qui
sont en danger sur des embarcations surchargées et en très mauvais état.
Il y a plusieurs années, le prix Nansen pour les réfugiés a été remis à
l'armateur, au capitaine et à l'équipage du porte-container norvégien
MV Tampa, qui avait sauvé 438 demandeurs d'asile dans l'Océan indien.
Les pécheurs italiens sentent l'obligation morale d'aider les personnes à
la merci des flots, quoi qu'en disent les autorités. Voilà pourquoi il
est significatif qu'à Lampedusa, les pécheurs et leurs barques
accompagneront le Saint-Père au port. Cette solidarité en mer peut être
un encouragement en vue d'améliorer le bien-être des demandeurs d'asile
et des personnes déplacées, en dépit des coûts élevés pour les personnes
concernées.
Toutefois, il faut s'interroger sur les comportements des
gouvernements, en particulier en ce qui concerne les conditions et les
lieux à l'intérieur du pays réservés à ces personnes déplacées. Il
s'agit des confins extrêmes d'une nation, de camps de réfugiés dans le
désert ou sur une île perdue loin de la terre ferme. On se demande s'il
ne serait pas plus adapté de les accueillir dans d'autres zones. Ces
questions ne peuvent certainement pas être évitées par les gouvernements
locaux.
Les réfugiés et les demandeurs d'asiles devraient voir leurs droits
respectifs garantis. S'ils ont le droit de fuir pour sauver leur vie, on
devrait également leur donner le droit d'avoir accès à l'asile dans le
pays d'arrivée. En outre, tous les autres droits de protection devraient
être appliqués. Le droit de libre circulation et le droit au travail
doivent être appliqués et ultérieurement étendus. Les gouvernements
devraient protéger ceux qui fuient les violences, les persécutions et
les discriminations. Au cours des années, les Etats ont élargi le
concept de réfugié afin de répondre au défi actuel, et la législation
internationale a elle aussi changé, en assurant une plus grande
protection aux personnes contraintes de fuir. Malheureusement,
l'attitude actuelle de nombreux gouvernements apparaît contraire à ces
décisions, même si les Etats ont quoi qu'il en soit l'obligation
d'assurer une protection aux personnes en fuite.
Sauver des vies humaines, en restituant la dignité, en offrant une
espérance et en apportant des réponses sociales et communautaires, est
étroitement lié aux valeurs morales et à la vision chrétienne. Cette
interaction avec la présence des réfugiés, des demandeurs d'asile et des
personnes déracinées de force pourrait conduire à un renouveau
ultérieur de l'Eglise, qui nous poussera hors de notre univers familier,
vers l'inconnu, en mission, pour rendre témoignage du Seigneur. « Nous
devons tous avoir le courage de ne pas détourner notre regard des
réfugiés et des personnes déplacées de force, afin de permettre à leurs
visages de pénétrer dans nos cœurs et les accueillir dans notre monde.
Si nous savons écouter leurs espoirs et leur désespoir, nous
comprendrons les sentiments qui les habitent » (op. cit., n. 120). La visite du Saint-Père pourrait être un nouveau début pour nous tous.
No comments:
Post a Comment
Comments will be published only in exceptional circumstances